La causerie du 15 octobre 2022, fut une nouvelle fois riche d’échanges et de témoignages :
La raison d’être, c’est un peu comme les talents, cela n’est pas forcément spectaculaire :
Par exemple cet artisan boulanger qui fait son pain tous les matins avec passion parce que, m’avait-il dit « chaque pain est différent » et aussi ce gestionnaire de paye qui m’avait déclaré avec un air extatique, « Monsieur Dubois, chaque paye est une nouvelle paye » comme s’il vivait une passion !
En tout cas, il était à sa juste place et manifestait sa raison d’être sans forcément en avoir une conscience formulée. Quelle chance pour lui !
Donc, la raison d’être n’est pas forcément spectaculaire mais elle est de plus en plus essentielle.
Aujourd’hui, les sujets du climat, de l’environnement, de l’écologie autant que la diversité, le respect des personnes, des femmes, des enfants ou les questions d’immigration mobilisent les esprits et inspirent beaucoup de vocations, de missions de vie et donc de raisons d’être et c’est très bien.
De nombreuses personnes se tournent ainsi vers l’extérieur et vont chercher leur raison d’être dans des expériences collectives, avec les nouvelles démarches d’intelligence collective, la Théorie U ou le Co-développement qui sont précieuses pour explorer ces nouveaux chemins.
Mais ce n’est pas le chemin de tout le monde, beaucoup d’autres vont trouver leur juste place, ce qui donne du sens à leur contribution dans une activité, un métier qui n’est pas directement en lien avec l’environnement ou le climat mais simplement dans l’infinie variété des activités humaines (la musique, la recherche scientifique, le sport, l’éducation des enfants, les siens ou ceux des autres, la formation, l’enseignement, la communication, les médias, la méditation, la permaculture etc.)
Et puis, la dimension collective ne doit pas masquer celle de la personne comme l’exprime Marie dans son témoignage dans « Deviens… » : « Il n’y a pas de Nous s’il n’y a pas de Je, il n’y a pas de pluriel s’il n’y a pas de singulier. S’il n’y a pas de singulier, il n’y a que les pluriels collectifs despotiques comme l’humanité en a tant connu. »
Nous savons aujourd’hui qu’il ne faut plus découper la personne en morceaux perso et pro mais l’aider à se connecter à elle-même, à l’être singulier qu’elle est au fond, derrière les masques des conditionnements pour trouver sa juste place.
Et pour cela, il faut aussi accepter de sortir des logiques ordinaires, d’entrer dans cette maïeutique, cette acceptation de l’incertitude pour se connecter au plus profond, à l’être, à la raison d’être.
A la lumière de cette citation de Teilhard « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine » !
Nous avons évoqué plusieurs exemples pour éclairer cela et écouté le témoignage de Michaël qui allie la pratique de la course, de la marche avec le coaching de dirigeants et d’équipes pour les aider à se connecter à eux-mêmes à travers le corps, le mouvement. Il nous a parlé de la maîtrise du tempo, du rythme, de savoir ralentir ! Une belle raison d’être.
Didier nous a interrogé : est-ce qu’il ne faut pas être dans une aisance matérielle minimum pour pouvoir s’interroger sur sa juste place et sa raison d’être.
Il est clair qu’il est difficile de dépasser le stress de la nécessité pour pouvoir prendre ce recul. Il faut parfois une étape d’amélioration du quotidien pour avoir la liberté d’avancer vers la compréhension et la manifestation de sa raison d’être.
Cependant, nous rencontrons aussi des personnes qui sont dans des situations très difficiles mais qui ont l’énergie, la nécessité intérieure de suivre l’appel de leur raison d’être.
Certes, il y a aussi des moments de la vie qui sont moins favorables comme les débuts de carrière ou les enfants qui prennent le temps et l’énergie.
Mais la diversité des êtres humains montre qu’il n’y a pas de règles absolues, que cela dépend des personnes et aujourd’hui ces sujets de « juste place » et « raison d’être » ont plus d’importance devant les transformations et incertitudes du monde.
Ces sujets devraient être abordés dès l’école nous a dit une personne, mais il y a encore du chemin !
Et il faut reconnaître que ces préoccupations sont récentes et dans notre partie du monde, parce que les sociétés humaines ont été plus souvent en guerre qu’en paix et le sont encore.
Et il faut donc avancer pas à pas sans chercher les grands soirs et trouver chacun notre terrain, notre raison d’être et faire notre battement d’aile de papillon.
Par ailleurs, Yves a évoqué l’importance de reconnaître nos talents pour développer notre confiance en nous et recommandé que cette démarche soit généralisée.
N’étant pas très doué sur ce terrain collectif, je suis à disposition de ceux qui voudraient avancer dans ce sens.
En ce qui concerne la raison d’être, le fil rouge, nous avons échangé sur le fait que les brins de ce fil rouge sont à l’intérieur de chacun et qu’il est donc nécessaire de se connecter à soi comme cela est développé dans « Deviens… » à travers le chemin de Paul, le personnage principal.
Nous avons aussi constaté qu’il y a aujourd’hui de plus en plus d’entreprises, d’organisations qui se tournent vers l’humain, vers chaque personne et donc offrent à leurs collaborateurs à travers des projets RSE entre autres, des opportunités nouvelles d’expression de leur raison d’être. Et que le mentorat qui se développe, permet aussi de soutenir des expériences, des projets variées.
Michaël a souligné l’importance de ne pas lâcher son fil, son chemin, d’avancer pas à pas malgré les contingences, les difficultés et les doutes et nous avons partagé le secret des montagnes russes : dans la vie il y a des hauts et des bas qu’il faut accepter et quand la descente arrive, au lieu de freiner pour rester en haut, d’arriver épuisé en bas et de devoir attendre que l’énergie revienne pour pouvoir remonter, il faut l’accepter avec bienveillance et plonger les yeux ouverts dans la descente, prendre de l’élan pour remonter plus vite ! (« Deviens… » page 156)
Nous avons conclu sur le grand besoin de sens de l’aventure humain et évoqué en écho la vision de Marie (« Deviens… » page 270) :
« Le vivant, le monde incarné, est le monde des formes inscrites dans le temps et dans l’espace. L’expérience de l’incarnation de la Conscience permet à « l’Etre qui est » d’éprouver l’existence à travers les formes. Éclairer la matière, inspirer les formes du vivant vers la conscience, transcender l’animalité est la manifestation spontanée de la Conscience de « l’Etre qui est ».
C’est le sens de l’aventure humaine, c’est ce qui donne sa dignité à l’être humain, cette expérience du dépassement de la condition initiale, quasi animale, vers l’incarnation de l’être en conscience.
Je crois que l’humanité a progressé pas à pas grâce à l’expérience de ces êtres humains qui ont transcendé, dépassé les conditionnements de la survie initiale pour accéder à la conscience, à la manifestation de l’être profond grâce à l’amour et qui ont donc enrichi l’expérience de l’humanité et l’inconscient collectif de ces formes vivantes qui sont devenues des modèles, des archétypes.
Nelson Mandela est un de ces êtres humains qui ont transcendé leur condition initiale et profondément enrichi l’humanité par leur incarnation. L’expérience de la Croisade du Pardon est un des plus grands moments de l’histoire de l’humanité. »